Le port de Capesterre après Elsa : une « mare » avec des bouts de pontons arrachés

Après la nuit de vendredi 2 à samedi 3 juillet 2021, le port de Capesterre a été fortement endommagé mais pourquoi ce port continue d’être sinistré?

« Ça ressemble à une mare », livre José Coudoux, pêcheur de Capesterre de Marie-Galante. Il n’y a plus de fond puisque tout le sable amoncelé sur le côté lors d’une opération de dragage en cours s’est remis en place, sans doute ajouté à du sable apporté par la houle d’Elsa. Impossible pour les pêcheurs de rentrer dans la rade actuellement et ils vont devoir s’organiser au moins jusqu’à ce qu’un nouveau dragage commence dans des délais non encore communiqués.

Les pêcheurs Capesterriens sont “Sans Port Fixe” en ce moment. Une situation que déplore José Coudoux, patron pêcheur qui va devoir s’organiser différemment

Le port de Capesterre ne remplit pas son rôle de rade à l’abri de la houle. Pour preuve les dégâts causés. D’ailleurs, certains pêcheurs avaient dû en sortir leurs bateaux  avant la houle et les mettre à l’abri ailleurs, notamment au port de Grand-Bourg. Bien inspirés.

Après les sargasses dont il est un aimant favori en bonne tête de pont dans l’Atlantique qui ramasse 40% du total des sargasses échouées sur tout l’archipel guadeloupéen, cet ouvrage est décidément sinistré quoi qu’il arrive. Une partie des pontons a été arrachée par la forte houle. Selon le maire de Capesterre, Jean-Claude Maës, nouvellement élu au conseil départemental, collectivité qui gère justement les ports, si l’enrochement de protection du littoral avait été réalisé, (projet évoqué depuis plusieurs années), on n’en serait pas là.

La mairie de Capesterre espère bien pouvoir faire diligence avec le Conseil Départemental sur le dragage afin de permettre aux pêcheurs de pouvoir rentrer leurs bateaux pour décharger le fruit de leur pêche. La reconstruction des pontons ne serait pas à l’ordre du jour selon les premières informations car sans protection du liitoral avec un prolongement de l’ouvrage et en cas d’ouragan, ce serait encore la même situation. Mais si l’étude de la DEAL (Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) retarde encore, il est vrai, ces travaux, ce n’est pas la seule raison.

Le port n’avait aucune existence légale jusqu’à 2020

Les travaux de l’enrochement sont actuellement en attente d’une étude sur la faune et la flore du port de Capesterre demandée très récemment (fin avril-début mai 2021) par la DEAL mais dont nous n’avons pas de trace de la demande (confirmée par plusieurs sources différentes).  Mais pourquoi une étude maintenant ? Y’en avait-il eu une avant de construire le port au début des années 2000 ? Y avait-il eu des études de courantologie menées également? On peut aisément se poser ces questions puisque Foufougong a découvert que le port de Capesterre n’avait aucune existence administrative jusqu’à…l’an dernier (2020) et a dû être régularisé le 19 août 2020 par arrêté de la DEAL.

Arrêté régularisation port CMG

Au Conseil Départemental, en mai 2021, on parlait en off de « port de complaisance » construit à l’époque (2000-2001) par le maire en place. On en parle brièvement dans ce reportage audio daté du 04 Mai 2021

Quand les travaux sur le port sont devenus une question d’actualité, c’est surtout le fait qu’il n’ait aucune existence légale, par conséquent qu’il n’apparaisse sur aucune carte des ports du Conseil Départemental, qu’il soit un port marron en quelque sorte,  qui a surtout retardé les opérations de construction. Comment intervenir sur un ouvrage fantôme administrativement? Néanmoins, l’étude de la DEAL aurait pu être diligentée bien avant, d’autant plus que c’est le même service qui a régularisé l’ouvrage en 2020.

Petite-Anse nettoyée

Heureusement, Elsa n’a pas eu que des effets négatifs car la plage de Petite-Anse, elle, 2^e point de concentration des sargasses sur la commune, a été “complètement nettoyée” par la forte houle (voir photos FB : Source Commune de Capesterre)

Une façon de se rappeler de ne pas incriminer la nature pour nos aménagements parfois hasardeux…