Des brioches au sirop de batterie, une sauce aux champignons au sirop de batterie, des brochettes de poulet au sirop de batterie, de la salade de fruits au caramel de sirop de batterie…Tout est possible avec le sirop de batterie.
Bref, You Name it… comme chanterait une Shirley Ceasar qui n’aurait qu’un ingrédient à la bouche.
On peut tout faire avec ce fameux sirop dérivé du jus de canne. Pour l’instant, on ne l’utilise que dans les caca boeuf, les gâteaux bonbon, avec de l’eau et du citron ou pour adoucir le rhum. Pour beaucoup, c’est un liquide visqueux et sombre, très voire trop sucré.
Et si on n’utilisait que le quart du tiers de la moitié du…bref vous avez compris une infime partie de ses possibilités. Ce sirop qui dans l’archipel guadeloupéen est principalement fabriqué à Marie-Galante a un potentiel énorme.
Mardi 17 novembre, Foufougong a déjeûné au centre de formation la Clef à Grand-Bourg à proximité du stade à l’occasion de la fin de la formation qui a commencé fin septembre dernier. Huit femmes l’ont suivi et se sont vues dévoiler les secrets de son utilisation. De l’entrée au dessert. Nom de code de la formation :
« Osez le sirop de batterie ».
L’idée de cette formation est venue de Céliane Nébot, la responsable pédagogique du centre de formation La Clef. Elle a vécu au Canada et y a été fascinée par l’usage du sirop d’érable.
« C’est simple, ils en mettent dans tout, dans une omelette, dans les plats, dans les pâtisseries ».
La responsable montre son livre – que dis-je sa Bible- sur les 100 recettes de cuisine qui incorporent le sirop d’érable, toujours à une bonne place sur son bureau. Car c’est dedans qu’elle se documente pour décliner des idées sur l’ingrédient local. C’est Céliane Nébot aidée par le cuisinier formateur, Luc Girondin, qui ont mis en place le programme.
Il faut dire que son père, ancien ouvrier à l’usine de Grand-Anse, ramenait du sirop à la maison familiale : « on en mangeait avec du pain ou des patates pour notre quatre heures », se remémore Mme Nébot qui espère qu’un jour, nous aurons également un livre des 100 recettes au sirop de batterie.
Selon Luc Girondin, le formateur, ce n’était pas non plus gagné:
“On a fait des trucs dégueulasses au début”,
Luc Girondin, cuisinier formateur
lance-t-il, pince sans rire. “Mais au final, on n’a rien inventé, les techniques sont les mêmes. On a juste intégré le sirop”.
Une info qui se répand comme une trainée de sirop
Sylvia Dendelé, qui est celle par qui l’existence de la formation est arrivée aux oreilles de Foufougong, a suivi le programme. À mesure qu’elle apprenait des recettes, elle les testait sur la place de la mairie de Grand-Bourg en utilisant ses amies comme cobayes. Elle a confectionné des gâteaux pour elles qui ont donc naturellement passé le mot.
« Sylvia a fait un gâteau au sirop de batterie et à la carotte et ce n’était même pas sucré », a alors confié Tatie Monick à Foufougong.
C’est ainsi que la trainée de sirop de batterie dans tous ses états s’est répandue. Alors ce jour-là, nous retrouvons tout naturellement Sylvia en cuisine en train de s’affairer.
« Tu as vu le vinaigre ? » me dit Sylvia, fière.
« On a fait du pain d’épices au sirop de batterie, on en met dans du salé aussi. On peut tout faire. Il faut juste savoir doser »
Sylvia Dendelé, stagiaire
En train de veiller sur ces brioches au four, il y a la benjamine du groupe, Prislie Maurin. Son papa, c’est Patrick Maurin, fabricant du sirop de batterie de Siblet.
On retrouve d’ailleurs quelques bouteilles en cuisine.
L’idée d’un commerce avec des produits transformés à base de sirop de batterie n’est pas bien loin. Allez donc répandre la bonne parole du sirop de batterie.
À SAVOIR
Les quelques images diffusées sur Instagram ont déjà fait des émules. Les brioches et le vinaigre de sirop de batterie ont déjà trouvé une demande.
“Où peut-on en acheter?”
“Elles vendent leur production?”
peut-on lire en commentaire. Sans compter quelques messages privés.
Foufougong n’aime pas frustrer (non, non) mais a dû expliquer que c’était exceptionnel et que pour l’instant il n’y avait pas de vinaigre de sirop de batterie ou de brioches au SDB (petit nom que j’affectionne) disponibles à la vente. Il y a eu des crissements de dents et des “oh Dommage”.
Mais bonne nouvelle, c’est sans doute le signe d’un marché à conquérir.