Gaël Musquet, expert en cybersécurité, hacker éthique et acteur très engagé sur la question de la résilience en cas de catastrophes naturelles, marie une passion d’enfance avec sa nouvelle activité : directeur d’observatoire astronomique.
C’est au Boost Up Experience qui a eu lieu les 9 et 10 juin derniers que Foufougong a croisé Gaël Musquet. Il nous a alors confié qu’un projet était en cours concernant sa passion d’enfance : l’astrophysique. Depuis 2020, il est également fondateur de l’observatoire astronomique de Vernon dans l’Eure, installé dans un ancien laboratoire de recherche balistique aérodynamique. Il en parlait d’ailleurs ici dans une interview à un média local et il s’apprête à déployer une ferme d’observatoires astronomiques dans les régions et territoires d’outre-mer, comme il l’annonçait en 2020.
« L’objectif est de créer un réseau d’observatoires astronomiques”
Moorea, St Pierre-et-Miquelon, … », dit-il en commençant à énumérer les territoires où il y aura un observatoire. « Et bien sûr, à la Désirade et à Marie-Galante, qui sont les deux îles où la pollution lumineuse est la plus faible », dit-il. Alors attention, il ne s’agira pas d’observation par des groupes de personnes qui vont utiliser sur place un télescope mais bien par un télescope automatisé et des caméras. En tout, un système connecté où l’on pourra retrouver les images en temps réel sur un site internet dédié. La structure devrait être en test durant une année pour ensuite se déployer avec plus de moyens. Le site devrait se situer à Borée sur la commune de Capesterre de Marie-Galante.
À quoi ça va ressembler ?
Le dispositif va ressembler à des cubes de 2m de côté : 2m de long, 2mètres de large et 1,60m de haut. C’est une grosse boîte fabriquée avec des palettes. L’idée est de récupérer des matériaux usagés pour créer l’ossature. « C’est suffisamment lourd pour ne pas être arraché, ça a très peu de prise au vent et l’idée est de déployer plusieurs exemplaires sur chaque site pour permettre à des jeunes ultramarins de découvrir ce qu’il se passe chez les voisins de l’Océan Indien, du Pacifique. Le système sera une déclinaison automatisée de ce qui existe à Vernon.
Ferme de télescopes
« L’idée est de coordonner tous ces télescopes pour pouvoir voir ce qu’il se passe dans le ciel à la fois sur des objets artificiels comme les satellites. Le deuxième objectif est de permettre aussi à des jeunes de se familiariser à ce type de disciplines. “Nous avons des robots astronomiques programmés par des élèves de troisième qui ont permis de photographier des nébuleuses, des galaxies, des amas d’étoiles avec ce matériel (voir photos). Il y a des petites lunettes astronomiques et des télescopes de taille modeste. On a aussi des spectroscopes derrière ces instruments qui permettent d’analyser la lumière des étoiles, les différentes phases d’une étoile, les sept familles d’étoiles des plus chaudes qui tirent vers le bleu aux plus froides qui tirent vers le rouge. Cette lumière a mis le temps pour nous parvenir et en fonction de la vitesse de l’étoile ou de la distance vis-à-vis de nous, son spectre va se décaler. Il y a des parties sombres et des plus brillantes qui vont témoigner de la présence de certains éléments chimiques. On ne peut pas y aller, on ne peut pas y faire de prélèvement alors ces observations permettent de glaner des informations qui nous permettent de savoir d’où l’on vient. L’astronomie c’est la mère de toutes les sciences des futurs souhaitables », confie Gaël Musquet sur un ton passionné.
Tourisme astronomique
Le programme travaille avec le Park Numérique, une structure de promotion de l’innovation numérique, qui existe notamment en Guadeloupe et dont Gaël Musquet est le parrain. Les établissements scolaires sont partenaires du Park Numérique et le but est d’organiser des groupes de stages pour qu’ils découvrent ces métiers mais pas seulement car avec cette ferme d’observatoires astronomiques situés dans des territoires stratégiquement peu pollués par la lumière humaine, il y a un autre enjeu. Celui de pouvoir « vendre du temps de télescope et faire du tourisme scientifique et technique depuis Marie-Galante et la Désirade ». Il y aura plusieurs solutions : soit les scientifiques utilisent les matériels à distance avec accès au logiciel de pilotage du télescope ou alors ils pourront venir sur place et profiter de nos cieux peu pollués s’ils doivent intervenir davantage dessus”, nous explique-t-il.
« Je n’ai pas eu la chance enfant de pouvoir suivre cette voie », dit Gaël Musquet avec regret mais bien décidé à permettre à des ultramarins de pouvoir se rapprocher des étoiles. Le projet a été retardé mais semble en bonne voie et nous vous tiendrons informés de son déploiement.
