Des cuisines étoilées à la vie de street artiste
Âgé de 42 ans, Cédric Tran Ngoc est installé à Marie-Galante depuis 2017 avec sa femme et ses enfants. Un coup de foudre pour l’île et son mode de vie. Et avant, il travaillait en cuisine. Des restaurants étoilés aux fourneaux de la fonction publique. Issu d’une famille d’artistes du côté de son père vietnamien, il est sorti de l’alimentaire pour donner de la nourriture à l’esprit.
Son premier travail, c’est la cuisine. Et pas n’importe laquelle : en Angleterre et à Paris, il s’échine dans des restaurants étoilés au Guide Michelin. Dans le Sussex, il est à Alexander House, puis il rentre Chez Loiseau Brasserie à Paris et officie dans les cuisines de Tante Marguerite, une autre enseigne réputée du groupe Bernard Loiseau.
Le changement de rythme intervient quand il passe en collectivité et travaille à l’hôpital Necker- Enfants malades.
« Quand t’as bossé en cuisine de restaurant et que tu passes en collectivité en finissant à 14h, c’est comme des vacances ».
Ses horaires lui permettent alors de reprendre du service dans le street art dans le Val de Marne (94) et de redonner souffle à ses premières amours : le graff, le dessin, la peinture.
« Du côté de mon père, il y a des artistes du ciné, de la peinture… J’ai un cousin directeur de la photographie dans le cinéma. Quand il fait des dessins, je suis un rigolo à côté. J’ai un cousin tatoueur. J’en ai d’autres qui font de la musique ».
Yelow, ça vient de son surnom « Ne Jau », que lui donnent alors ses potes de « virées graffiques ». C’est « jaune » en verlan, en référence à ses origines asiatiques.
« Il n’y avait pas de discrimination derrière. On s’appelait tous un peu suivant nos origines ».
Avant il se faisait appeler Kuando.
« J’aimais juste la sonorité »
« J’ai graffé dans toute la zone : Ivry, Villejuif, Kremlin-Bicêtre. J’ai habité toutes ces villes, fait des connexions pendant quinze ans. Je fais partie de plusieurs crews MCT (région parisienne), EDS ( crew espagnol), Triade (3AD), c’est le crew des asiatiques…Eh oui, les asiatiques ont leur crew, le communautarisme même dans l’art (sourire).
Installé depuis 2017 en Guadeloupe, avec sa famille, ils ont eu un coup de cœur pour Marie-Galante.
« On a voulu couper avec le consumérisme ambiant. On ne voulait plus avoir la tête dans le guidon ».
Depuis, Yelow a changé de tonalité et abandonné la lettre, pour épicer le paysage marie-galantais d’œuvres colorées, métissées et positives dans des coins discrets et insolites pour la plupart ( voir plus sur ses oeuvres à Marie-Galante).
Mais on retrouve aussi sa signature sur les murs de Miami, au Wynwood Art District, en Espagne, au Pays Basque.
Voilà l’ère du Yelow flashy, celui aux toiles explosives, aux supports de plasticien, aux murs splashés de couleurs vives, sans frontières, sans retenue, mais toujours avec finesse. L’autodidacte est doué.
« Y a deux ans et demi, je n’avais jamais touché de pinceau. Le graffiti m’a apporté des bases en terme de couleur, de visuel et une certaine forme d’application mais ça n’a rien à voir dans le choix des pinceaux qu’on doit avoir en peinture et je suis toujours en apprentissage. Pour les peintures, je mélange des techniques pour obtenir ce que je veux.
Je ne suis un puriste de rien. J’utilise le crayon, la bombe, les pochoirs…peu importe les techniques, c’est le résultat qui compte ».
Yelow est un touche-à-tout. Il passe du mur à la toile, du contreplaqué au bois. Il revisite même le jeu de cache-cache en s’aidant d’ une installation artistique savamment orchestrée dans la nature à Marie-Galante.
Voir cette publication sur InstagramPendant ce temps à Marie-Galante … #CacheCache #Streetart #BeachArt #ByYelowPaint
« L’art c’est fait pour être partagé, pour être à la portée de tous. J’aime que tout un chacun puisse s’imaginer avec une œuvre chez lui sans débattre pendant des heures du sens ».
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