Alors que Charles Caudrelier, le vainqueur de la Route du Rhum est déjà rentré dans l’hexagone depuis belles lurettes après un petit tour et puis s’en va en Guadeloupe, les concurrents de notre “Transatlantique destination Marie-Galante” (on peut l’appeler comme cela), sont chez nous et certains vont même rester quelques mois sur zone. Foufougong a voulu savoir qui étaient ces participants au Rallye des Îles du Soleil et ce que leur passage rapportait à Marie-Galante en terme financier (voir ENCADRé en bas de l’article) mais aussi de perspectives et d’échanges. Un rapport précis décortique par le menu ce que cet événement sportif rapporte au territoire. Cette transatlantique pourrait être un vecteur de développement de la baie de Saint-Louis. Encore faudra-t-il que l’événement soit pensé en tant que tel par tous.
La remise des prix s’est déroulée samedi soir à Saint-Louis en présence de 26 équipages sur les 27 inscrits. L’arrivée du dernier bateau est prévue ces jours-ci. Ils sont plus de 120 à avoir pris la mer le 28 octobre dernier de Palma aux Canaries, puis escale à Mindelo au Cap-Vert avant de passer les portes de l’océan Atlantique. En terme de destinations paradisiaques, les Canaries et le Cap-Vert se posent en bonne place. Et pourtant, la baie de Saint-Louis, la destination finale, est décrite avec moult adjectifs laudateurs dans la communication du Grand Pavois Organisation, qui pilote l’événement. Alain Pochon, le Président du Grand Pavois est tombé amoureux du front de mer Saint-Louisien en 2015. Sur les conseils de Camille Pélage, il est venu visiter et son coeur a jeté l’ancre. Il tombe sur Dominique Thiéry, numéro Un de la distillerie Bielle, Henry Vergerole, propriétaire d’un beachbar, rencontre le Dr Maryse Etzol, de la CCMG. Ça y est, c’est dit, le rallye des Îles du Soleil est né.
“Quand vous arrivez au large de l’île, vous sentez la canne”, dit-il avec le timbre de la voix qui se casse alors qu’il s’installe devant la Halte Légère de Plaisance (HLP) aka la base nautique de Saint-Louis. Cette baie n’est pourtant pas du tout exploitée depuis des années. Une jachère de la plaisance où une vingtaine de corps-morts rendent l’âme. Les bouées d’amarrage dont profite une vingtaine de bateaux du rallye ont dû être installées cette année aux frais de la distillerie Bielle et seront enlevées juste après le départ des concurrents. Avec l’arrivée de ce rallye, une fois par an, Saint-Louis a pourtant une porte grande ouverte sur un potentiel touristique tout-à-fait calibré par rapport à ses atouts naturels. Non seulement dans la baie, mais tout le long de son littoral jusqu’à Vieux-Fort. Dans l’idée, c’est comme ramener des abeilles dans un grand champ de campêche.
Des avocats, des médecins, des cadres du privé, et des enfants…
Les profils sont variés mais les participants sont en grande majorité des CSP+, des catégories socio-professionnelles à fort pouvoir d’achat. Ce sont des clients de chantiers navals, de fabricants de bateaux qui fréquentent le Grand Pavois. Le 21 novembre dernier, on a passé en revue les profils avec Alexia Segura, de l’organisation devant les photos des participants placardés sur les murs de la base nautique de Saint-Louis : un ancien boxeur professionnel, des médecins, des avocats, un investisseur…Ambiance…
Le Capitaine du Tara, le premier bateau à être arrivé le 21 novembre dernier, c’est Hubert Bouteloup, avocat, qui serait carrément prêt à s’installer dans la Caraïbe une partie de l’année.
“Pas envie de soirée, de pognon, envie d’authenticité”
Voilà la vidéo de l’arrivé du Tara
“Se baigner en plein milieu de l’Atlantique au-dessus d’une dorsale, avec 4300 mètres de fond”, Zoé et Adénie, 11 et 9 ans
Le rallye est pourvoyeur de belles histoires comme celle de cette famille arrivée le 25 novembre. Agnès, la maman est responsable sécurité-environnement dans l’industrie. Marc, papa et chef de bord, est propriétaire d’une école de kitesurf dans le Pas-de-Calais.
À bord de leur bateau, le Yec’Hed Mad, ils étaient six, quatre membres d’une même famille et deux co-équipiers.
On écoute d’abord les parents qui ont vécu des moments d’exception à bord dont trois anniversaires
Quant à Zoé et Adénie, leurs filles de 11 et 9 ans, elles retiendront l’un des plus beaux moments : se baigner en plein milieu de l’Atlantique au-dessus d’une dorsale, avec un fond marin à une profondeur inimaginable. On les écoute…
Et voilà la petite photo:
“Dans cette baie (de Saint-Louis, ndlr), il y a un potentiel extraordinaire”, Alain Pochon
Il est tentant de sonder les avis des visiteurs afin d’en tirer des angles d’amélioration de l’aménagement de Saint-Louis. Et comme par hasard, en questionnant Alain Pochon, Foufougong apprend que le Président du Grand Pavois est aussi maire d’une commune située sur l’Île de Ré, les-Portes-en-Ré, qui possède évidemment quantité de corps-morts. Dans sa commune de 8km2 qui compte 669 âmes, il y a déjà 540 mouillages et la commune s’apprête à en rajouter encore 20%. Par conséquent, il y aura bientôt presque autant de corps-morts que de Portingalais (le nom des habitants des Portes-en-Ré ) vivant dans la commune. Alain Pochon nous explique comment ces dispositifs fonctionnent et avec quoi sont faits ces dispositifs d’amarrage car le territoire répond à des contraintes importantes qui visent à préserver l’environnement. Comme quoi, c’est possible !
Photo Alain Pochon par Patrice ALCOOL
En résumé, un rallye ramène des touristes et des bateaux. Peut-être serait-il temps d’agrémenter l’événement d’une vraie réflexion sur l’avenir de la baie de Saint-Louis en l’utilisant autrement que comme un pourvoyeur d’animations. Des conférences et des échanges avec une vraie perspective? Ouvrir un dialogue afin que les Saint-Louisiens et Marie-Galantais s’approprient cette baie? Car des services aux bateaux, il en manque dans cette ville qui a pourtant tout pour parier sur la carte plaisance.
Des retombées économiques chiffrées dans un rapport à diffusion restreinte
Un rapport remis à la CCMG (Communauté de Communes de Marie-Galante) auquel nous avons pu avoir accès liste les retombées économiques de façon précise. En 2019 (la dernière édition), ce sont 128 personnes qui y ont participé et ont séjourné pour une durée moyenne d’une semaine. Avec les familles, ce sont 152 personnes sur place. Plus de 1000 journées et nuitées de présence sur l’île. Après deux semaines en mer sur leur bateau, les participants, consommaient midi et soir dans les différents restaurants de l’île est-il précisé. « Beaucoup ont aussi loué des voitures et scooters, ou fait appel à des taxis pour se déplacer librement. Cependant, l’offre de location de voiture sur place, à Saint-Louis, n’étant pas présente, il fut difficile pour certains équipages de s’organiser. Les participants ont également acheté divers souvenirs aux artisans présents chaque matin lors des petits déjeuners, ainsi que des biens de consommation courante (nourriture, divers…) », est-il détaillé. « Sur une base de consommation moyenne à hauteur de 90 euros par jour et par personne cela représente un montant total de plus de 95 000 euros dépensés sur l’île pendant la période d’arrivée et de festivité du Rallye des Iles du Soleil », calcule l’organisation (Grand pavois Organisation) qui indique qu’elle aussi a dépensé sur place 26 680 euros (hébergement, repas, apéritifs, soirée de clôture, carburant pour les semi-rigides…), sur une période de quatorze jours soit près de 630 euros par jour et par personne. C’est un total de plus de 121 680 euros de retombées économiques locales directes pour l’île de Marie-Galante », conclut l’introduction du rapport. Même la Route du Rhum aurait pu être une aubaine car des passionnés de bateaux étant déjà présents en Guadeloupe, un passage à Marie-Galante pour changer d’air, tout en restant dans le même sujet, aurait été une bonne idée de produit touristique. Sur un budget de plus de 300 000 euros, 70 000 euros sont injectés cette année par la CCMG, une somme qui provient en réalité d’une dotation de la Région Guadeloupe pour cet événement.